LES CROQUEURS de pommes®

Jean-Louis ChoiselLe Mouvement national est né en 1978, sous l'impulsion de Jean-Louis CHOISEL, autodidacte passionné d'arboriculture et de pomologie. Le verger familial de ses ascendants jardiniers à Seloncourt (25) fut détruit par l'urbanisation.
La terrible vague de froid de cet hiver 1978 avec une abondante couche de verglas a écrasé par milliers les arbres des vieux vergers. Pour J.L. CHOISEL, ce deuxième choc a été déterminant pour passer à l'action en mobilisant des bénévoles à la sauvegarde des arbres fruitiers.
65 Associations locales plus de 8000 adhérents en 2017 constituent la force de la sauvegarde des espèces fruitières anciennes.

Il se rend compte de ce que la richesse des fruits de terroir n'existe plus chez les pépiniéristes, car la plupart des variétés locales sont interdites de commercialisation, parce que non inscrites au catalogue officiel du CTPS (Comité Technique Permanent de la Sélection). Il découvre la déception, les attentes et la révolte des arboriculteurs amateurs devant l'effondrement accéléré du patrimoine fruitier.

Sa conviction : sans une action concrète et immédiate, menée par les amateurs eux-mêmes dans leur propre verger, les anciennes variétés fruitières sont promises à une inéluctable disparition.

Ses trois idées :

  1. Faire comprendre que les variétés traditionnelles sont en voie de disparition.
  2. Faire parler ceux qui en ont pris conscience.
  3. Leur donner concrètement les moyens d'y remédier chez eux.

Noter que la date et le lieu de naissance du Mouvement ne sont pas un hasard. Les années 70 ont été celles de l'éclosion écologique. Le public apprend avec étonnement que la planète est menacée : la mer, la faune, les arbres... Les médias propagent généreusement ces notions nouvelles, suscitant des prises de conscience.

Le terroir : un Pays fraîchement industrialisé, dont la population originelle (rurale) ne représente plus guère que le dixième du total actuel. Cette population s'est urbanisée et industrialisée sur place sans quitter son pays, ses maisons, ses jardins, ses arbres. De plus le Pays de Montbéliard, terroir extrêmement riche en variétés fruitières, est l'héritier d'une longue tradition dans ce domaine: Jean BAUHIN y a publié, à la fin du XVIè siècle, un des premiers véritables traités de pomologie.

Dès le début, apparaissent ces deux caractéristiques :

  1. La marque du concret. C'est peut-être l'originalité essentielle des Croqueurs, face à nombre d'associations d'un haut niveau spéculatif, mais qui n'ont pas la possibilité d'appliquer effectivement leurs doctrines. Chaque adhérent est invité à sauvegarder, chez lui et en fonction de ses possibilités, au moins une variété locale. Ce qui compense en grande partie la pauvreté des moyens, limités aux cotisations, très faibles, demandées aux adhérents (cotisations investies aussitôt dans l'édition du Bulletin de liaison).

  2. Le fonctionnement de l'Association ne repose ni sur le sponsoring, ni sur les aides publiques, ce qui implique un rigoureux bénévolat des responsables, et une utilisation poussée des talents de chacun. Ni notables, ni dignitaires, ni fonctionnaires à vie. Mais des gens utilisant au mieux leurs compétences, qu'ils perfectionnent, dans un climat d'initiative, de transparence et de convivialité.

D'emblée, le développement de la Société est très rapide. Les cinq causes probables :

  • Nouveauté du message.
  • Originalité de la présentation (la dénomination humoristique des Croqueurs de Pommes est un défi).
  • Méthodes astucieuses : enquêtes fruitières, contrat-verger, cours gratuits, fiches d'études.
  • Création d'un esprit dynamique et réaliste, entretenu par le Bulletin et son courrier des lecteurs.
  • Appui de nombreux sympathisants.

Dès le début, J.L. CHOISEL reçoit de précieux encouragements. En particulier ceux de M. PUJOL, du Muséum d'Histoire Naturelle. Il noue aussi des contacts avec l'Institut National de Recherches Agronomiques (INRA).

Les médias saisissent rapidement l'originalité du message et de sa présentation. Hebdomadaires, quotidiens, radio, (les Jardiniers de la télé...) déterminent un afflux extraordinaire d'adhésions, mais surtout de demandes de renseignements. Ce qui nécessite le renforcement de l'équipe responsable, et le recours à l'informatique. On ressent la nécessité de structures. Il n'est pas facile d'édicter des règlements acceptables par chacun des responsables, si différents, des diverses unités régionales ; pas facile de fixer des limites sans brider l'initiative, étouffer la créativité.

De même lorsque la prolifération des Croqueurs à travers toute la France rendra évident le slogan : Seuls les Normands peuvent défendre les pommes de Normandie, deux tendances devront s'affronter. Les décentralisateurs se tourneront vers une solution d'allure fédérative, faisant pleine confiance aux responsables locaux. Les autres, craignant un éclatement et la mort de l'Association, voudront s'entourer de précautions. Une solution médiane sera trouvée permettant la naissance de brillantes Associations locales, puis associations régionales, pleinement responsables chez elles de leurs effectifs, méthodes et actions. Indépendantes, elles sont cependant coordonnées et groupées autour d'un statut minimum commun. Leurs délégués forment un Conseil d'administration national.

Plus encore que par des contraintes ou règlements, leur cohésion se trouve assurée :

  • par un fond écologique commun tourné vers l'avenir : stopper la dégradation, conserver à tout prix le patrimoine génétique fruitier.
  • par des méthodes de vulgarisation, mais surtout de formation arboricole et pomologique pratiques, utilisant médias et publications.
  • par des actions concrètes : vergers de sauvegarde, cours gratuits, bourses aux greffons, expositions, participation aux manifestations à tous les niveaux.

Tout cela dans ce qu'on a appelé un esprit Croqueurs, un amalgame d'initiative, de sérieux sans morosité, de recherche des contacts et de convivialité.

Ces associations régionales, souvent très originales, gèrent la totalité des vergers de sauvegarde (20.000 arbres sur plus de 100 hectares ) et les deux-tiers des adhérents (Les isolés restent directement rattachés au bureau national). Suivant leur ancienneté, elles peuvent comporter de 20 à plus de 400 membres. Des échanges suivis sont noués avec d'autres Associations françaises soeurs ou filles (Pomologie du Berry, Les Mordus de la Pomme, I z'on Creuqué'eun' Pomm', etc) ou étrangères en Suisse, Belgique, Hollande, Allemagne.

Il y a peu de corrélations entre la densité en vergers d'une région et le nombre des adhérents. Jouent un bien plus grand rôle l'imagination et le dévouement des animateurs, ainsi que...les traditions associatives des terroirs. Une fois par an, une des Associations régionales reçoit les autres groupes en assemblée générale, renforçant les liens d'amitié qui unissent les responsables de l'hexagone.

La variété de ses composantes, la mobilité de leurs rapports et leur dynamisme finissent par imposer à l'ex-Société, à la présente Association, le terme mieux adapté de Mouvement des Croqueurs de Pommes.

 

Qui sont les Croqueurs de Pommes ?

Isolés ou adhérents des Associations locales, ils ont peu changé depuis l'origine. Ce sont des hommes mûrs ou âgés: les 4 tranches d'âge: 35-45; 45-55; 55-65; 65-75 sont à peu près égales, et forment 90% de l'effectif. Les professions sont pratiquement toutes représentées, avec (il fallait s'y attendre) une très forte proportion de retraités (un tiers environ). Un autre tiers comprend les employés, techniciens, ouvriers et enseignants. Les professions agricoles (cultivateurs, horticulteurs, arboriculteurs et pépiniéristes) ne sont que 6%.... donc proches de la moyenne nationale. Ajoutons que 18% des abonnés de 1981 sont restés fidèles en 1991...mais ne représentent plus que 4% de l'effectif actuel.

Chaque année, un nombre important de sociétaires ne renouvellent pas leur abonnement : venus chercher dans nos groupes une formation technique, ou la solution à quelque problème d'arboriculture, ils s'éloignent dès que leur attente est satisfaite. Mais ils continuent de répandre autour d'eux le message et les techniques qu'ils ont reçus et restent Croqueurs dans l'âme. Ils sont ainsi quelques milliers, à travers toute la France, graines semées par le vent.

Ce perpétuel renouvellement de la substance vivante du Mouvement, les apports des diverses associations, les modes ou centres d'intérêts nouveaux véhiculés par les médias...sans oublier la marque portée par les personnalités (différentes !) des principaux responsables, tout cela est absorbé sans drame par la structure souple caractéristique de notre Mouvement. C'est pourquoi on a pu voir, au cours des années, sans dévier de son axe central : sauvegarder les variétés menacées, l'effort apparent passer successivement du verger biologique à l'écologie, puis à une recherche des contacts (sociétés, médias, convivialité), à l'arboriculture, enfin à la pomologie. En attendant la suite....

 

L'avenir des Croqueurs ?

Il pourrait paraître assuré :

  • Le problème de la conservation génétique n'est pas à la veille d'être résolu : il y a tant à faire ...
  • Celui de la promotion des variétés méritantes n'avance pas plus vite. Le cercle : exigences du consommateur => demandes du grand commerce => réponse des producteurs, possède une grande inertie.
  • L'association est en pleine expansion. Elle est reconnue non seulement par le grand public, mais par les autorités administratives (agrément ministériel au titre de la protection de la nature), aussi bien que locales : de nombreuses municipalités sollicitent des conseils pour l'aménagement des lieux publics.
  • Ses membres, nombreux, améliorent leurs connaissances et leur formation, appuyés sur un bulletin et des publications adaptées et de plus en plus nombreuses, soutenant la renaissance d'une science pomologique oubliée.

Cependant une certaine fragilité ne saurait être sous-estimée, comme dans toute association exclusivement fondée sur le bénévolat. Restent toujours possibles le durcissement, le vieillissement des structures, des responsables, des idées ; les tendances individualistes ou centrifuges ; la fatigue, enfin... De toute façon, les graines semées à tout vent par milliers, ne cesseront pas de germer avant longtemps.

Un bilan serait hasardeux à établir. Dans ce qui a bougé depuis moins de 10 ans, quelle-est la part des Croqueurs ?

  • Le grand commerce commence à varier (souvent par le biais du commerce de luxe).
  • Bien des pépiniéristes livrent maintenant des plants de variétés locales.
  • Le Catalogue national s'est enfin ouvert à la réinscription de quelques variétés nationales oubliées. Par dizaine de milliers des arbres anciens ont été remis en état, de jeunes sujets ont été plantés et ont reçu les greffes de variétés jusque là en voie de disparition. Leurs fruits ont été photographiés, mis en fiches informatisées. En aout 2017 la règlementation change et rend la commercialisation et la diffusion de toutes ces variétés officiellement autorisée, sans doute en partie grâce à l'action continue et persévérante des Croqueurs, près de 40 ans après la naissance de l'Association.
  • En tous cas, dans toute la France, des milliers d'arbres fruitiers ont retrouvé un nom, une valeur sentimentale, gages de continuité.

Le mouvement des Croqueurs de pommes

Il a, au moins contribué à inverser un processus, qui semblait inéluctable : la destruction du patrimoine fruitier national. Cependant, curieusement, le bilan de cette oeuvre, pourtant considérable, n'avait jusqu'à présent pas permis à l'Association de faire entendre sa voix au sein des autorités compétentes... auxquelles il n'a, pourtant, jamais coûté un centime ! Le chemin était long et la patience mise à rude épreuve, mais le travail effectué depuis 40 ans sur l’ensemble du territoire et le suivi de nos collections fruitières sont en passe d’être reconnus officiellement.

Résumé :

L'Association  nationale des Amateurs Bénévoles pour la sauvegarde des variétés fruitières régionales en voie de disparition, dite des Croqueurs de Pommes est née en 1978 d'une idée d'un arboriculteur et pomologue amateur : Jean-Louis CHOISEL. La jeune société, dont les buts proclamés étaient de stopper la dégradation des vergers amateurs et de sauvegarder les patrimoines génétiques fruitiers locaux et régionaux, a reçu, d'emblée, le soutien des médias. Elle bénéficiait de conditions favorables : naissance, au niveau national, des préoccupations écologiques. Au niveau régional, le Pays de Montbéliard-Belfort, en Franche-Comté offrait un terroir très menacé, favorable à l'arboriculture, avec une traditionnelle culture botanique ainsi qu'une réelle facilité associative. Avec des buts clairement affirmés, résolument tournée vers l'avenir, l'Association développe son action sur deux plans :

  • Connaissance des fruits traditionnels, prise de conscience du péril, éducation du consommateur, appel à des principes écologiques simples;
  • D'autre part, actions et méthodes concrètes tournées vers le grand public : + 20 000 arbres en vergers de sauvegarde, cours gratuits de taille et greffage, bourses aux greffons, expositions et manifestations diverses, édition de brochures techniques et d'un bulletin trimestriel.

En fait notre mouvement cultive trois principes de fonctionnement : bénévolat, compétences et convivialité.

Très largement décentralisée, elle regroupe en 2017, à travers toute la France, 63 groupes régionaux ou associations d'importances très différentes, mais réunis autour des idéaux, des buts et des méthodes propres au mouvement, et basés sur un bénévolat rigoureux. Elle possède des prolongements à l'étranger et correspond avec de nombreuses sociétés savantes ou autres associations (qu'elle a parfois contribué à créer). Au centre d'un vaste mouvement d'intérêt pour le patrimoine fruitier et naturel, moteur d'une renaissance de la pomologie, l'Association des Croqueurs de Pommes a dépassé les 8000 membres en 2016. Mais, c'est par milliers qu'il faudrait compter, à travers l'hexagone, ceux qu'elle a initiés, formés aux techniques arboricoles, ceux qu'elle a incités à participer, eux-mêmes et dans leur propre verger à la renaissance de notre patrimoine fruitier commun.

LISTE DES MEMBRES AYANT EXERCÉ LA PRÉSIDENCE DE L’ASSOCIATION DITE «  LES CROQUEURS DE POMMES »

Qu'ils soient remerciés pour leur dévouement !

Juillet 1978 à novembre 1981 Jean-Louis CHOISEL
Novembre 1981 à novembre 1987 Raymond EGLIN
Novembre 1987 à novembre 1988 André BUGNON
Novembre 1988 à avril 1989 Georges GUEUTAL - J.Claude HENIN Coprésidents
Avril 1989 à avril 1992 Georges GUEUTAL
Avril 1992 à avril 2006 Claude SCRIBE
Avril 2006 à avril 2011 Maïté DODIN
Avril 2011 à avril 2013 Jean LEFÈVRE
Avril 2013 à ... Jacques MARCHAND